lundi 13 octobre 2008

BERROUAGHIA "SOUVENIR D'ÉCOLE"

[Photo de l'Ecole Belaïd - Berrouaghia]
Qu'à cela ne tienne, je dois à mes Maîtres en l'occurrence Larbi Sahtat, Rachid Benzerga, Dahmane Guernina, Yahia Bensaoula, Ahmed Sahraoui, mon Prof d'Anglais Nadji Hafsi et bien d'autres... un éveil à la vie et au monde qui, sans eux, n'eut pas été le même. Qui sait en effet si, sans eux, le cours de ma vie n'aurait pas été différent, tant il est vrai que c'est à cet âge-là que l'on est le plus perméable aux idées, aux sensations et aux émotions provenant du monde extérieur ? Si j'en ai la certitude, c'est parce que je me souviens du moindre détail de ma classe, et de ce qui s'y passait, et d'abord de l'encrier de porcelaine que nous remplissions chaque lundi avec un broc affecté à cet usage, encre violette, bien sûr, qui laissait sur le bord blanc une auréole évoquant pour moi le feuillage d'un arbre. Mon plumier, ensuite, qui était en bois verni avec un paysage peint sur le couvercle et que je fermais au moyen d'une petite couronne rabattue sur un point fixe de métal doré. Il contenait lui aussi de nombreux trésors, et d'abord des gommes, toutes aussi délicieuses les unes que les autres, qui n'en a pas mangé ? Des portes-plume en bois ou en plastique avec parfois au milieu une lentille lumineuse au fond de laquelle apparaissait un personnage de légende, un compas également en bois, un crayon à ardoise noir, avec sa bague dorée qui maintenait le fin bâton de pierre qui servait à écrire et dont j'entends encore le grincement, des crayons de couleur à l'odeur délicate, des crayons à papier, que sais-je encore ?

Le tableau était noir, bien sûr, et nous l'effacions à tour de rôle non pas avec ces brosses de feutre qui furent si efficaces plus tard, mais avec un chiffon dont la poussière de craie faisait naître de petits nuages délicieusement âcres. Les craies placées dans le petit support en fer du tableau, étaient de toutes les couleurs, les blanches dominantes. Aux murs étaient accrochées de belles cartes d'Algérie, quelques-unes en relief, pour la géographie ; d'autres plus simples étant destinées aux leçons de choses qui ont disparu aujourd'hui, comme si les choses ne donnaient pas de meilleures leçons que les hommes. Le bureau du Maître trônait sur une estrade à gauche de l'entrée, une règle en fer en évidence devant un encrier à encore rouge. Le poêle se trouvait au fond, mais nous n'en étions plus au temps où chaque élève apportait sa bûche, le Maître le garnissait lui-même chaque matin et c'était un privilège que de rester blotti près de la fonte chaude, les matins d'hiver, pour ne pas aggraver un rhume ou une angine imaginaire.

Les tables étaient légèrement inclinées vers l'arrière, à deux places, et dissimulaient un casier où nous glissions nos cahiers et nos livres. Ah ! ces livres ! Je les revois encore, et surtout celui d'histoire et celui de français.

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