dimanche 22 mars 2009

BERROUAGHIA

(La place publique durant les années 1920)

Au 28ème kilomètre de Médéa, en quittant la forêt des Fernane (chênes liéges), l’œil découvre un panorama magnifique. Le chemin déroule ses méandres blanchâtres au milieu desquels on aperçoit les tourelles élégantes de la Zmallah de Berrouaghia ; à droite, les Beni H’assan et les Abid (esclave) dont le territoire chevauche par monts et par vaux jusqu’au Chelif, au pied des montagnes azurées de Boghar. Le centre de la vallée, en suivant la route, est occupé par les Chorfa, fraction administrative des Abid, avec lesquels ils sont mortifiés d’être confondus, eux, la fleur de la noblesse musulmane. Les Chorfa descendent de Moulaï Edris du Maroc et sont originaires des Flitta de Mascara. Vers l’an 940 de l’hégire (1533), un de leurs ancêtres, Si Mohammed Ben Soltan, était lieutenant et compagnon d’un Prince Tlemcénien nommé Abou Mohammed Abd el Ouahed. A la suite de revers essuyés par ce prince, la famille émigra. Si Mohammed avait été tué et son fils Si Yahya Ben Soltan, devenu chef de sa famille, la conduisit au pays des Beni Slimane, chez lesquels il mourut en 964 (1556). La piété des Slimani lui a élevé une koubba qui est encore aujourd’hui en grande vénération. L’installation des Chorfa chez les Beni Slimane n’était que provisoire. Si El Khelfa, fils de Si Yahya Ben Soltan, vint s’installer définitivement au centre de la vallée qu’ils occupent encore aujourd’hui sur des terrains appartenant aux Beni Hassan, aux H’assan Ben Ali et aux Beni Slimane, et qui leur furent donnés par ces tribus à titre d’apanages. D’après leur charte, ce territoire est inaliénable ; par conséquent tous les titres d’achats présentés à la commission chargée d’étudier l’emplacement du village de Berrouaghia n’ont aucune valeur réelle, si l’on accepte comme authentiques les quelques mots de la généalogie des Chorfa, à l’article Si El Khelfa, qui constituent le droit simple d’occupation. Les Chorfa n’ont joué un rôle politique en Algérie qu’à une époque assez reculée et sur laquelle nous n’avons pu recueillir des faits exacts. Si vous acceptez l’hospitalité d’un Chorfa, le soir, à la veillée, il vous racontera qu’un Si Yahya quelconque (tous les Chorfa se nomment Yahya ou Khelfa) allait en guerre avec son chapelet seulement ; lorsqu’il était en présence de l’ennemi, il tirait son chapelet et à chaque grain qui glissait sous ses doigts au nom d’une épithète de Dieu, l’âme d’un ennemi s’échappait du corps pour aller s’engloutir aux enfers. Il terminera en regrettant que le chapelet ne se compose que de quatre vingt dix neuf grains, car il ne compte pas les grains des Fath’a qui sont ceux de la Miséricorde. Le chapelet existe encore ; il est appendu à la tête du sarcophage de Si El Khelfa dans la koubba. La fraction des Chorfa compte environ 300 âmes ; c’est une population laborieuse et intelligente. Sous tous les gouvernements, les Chorfa ont été exempts d’impôts et de corvées. M. Le Général Marey est le dernier chef français qui leur ait accordé cette faveur.

5 commentaires:

Zéphyr a dit…

Mes déambulations me firent découvrir votre blog. Je m'y attarderai plus longtemps la prochaine fois.

Zéphyr

Anonyme a dit…

Que dire d'une ville (Berrouaghia) qui a enfanté des hommes et des femmes de renommés, j'ai découvert que l'Algérie est belle malgré toutes les fausses notes.
- Merci Hamid -
"Manou de Constantine"

Tadjeddine a dit…

Salam.

Je suis un descendant de Sidi Ali Ben Yahia et je travaille actuellement sur notre généalogie. Enfin disons qu'elle existe mais elle comporte la même erreur que ce passage dans votre texte: "Les Chorfa descendent de Moulaï Edris du Maroc et sont originaires des Flitta de Mascara."

En réalité Sidi Ali Ben Yahia est originaire des Flitta mais il descend de de Idriss Ben Abderrahmane qui, venant tout droit du Hijaz, s'installa à Tiaret en 1298 et y fut proclamé roi. Son fils et son petit-fils régnèrent également sur Tiaret (48 ans à eux trois). La différence c'est que nous descendons de Al Hussain (RA) alors que les rois Idriss I et II descendent de Al Hassan (RA).

La confusion provient peut-être du fait que mon aïeul Sidi Ali Ben Yahia, connu pour sa piété et sa droiture, quitta les Flitta pour étudier le Fiqh à Fes pendant plusieurs années sous la direction du Cheikh Sidi Slimane. Ayant achevé ses études,il retourna en Algéie pour s'installer près de Zemmoura. Il s'y maria à 4 reprises :

1) Yamina bent Houcine : 5 fils, Belgacem, Rached, Abderrahmene, Bey et Yahia.

2) Alloua bent Boudjemaa: 5 fils, Houcine, Abdelkaoui, Abdelaziz, Lazreg (de son vrai nom Lakhdar), Ali Lekhlifa mon ancêtre qui séjourna brièvement à Guerboussa près de Chlef avant de partir s'installer et finir sa vie à Stitten près de El Bayadh, sa descendance fut ensuite chassée de Stitten et s'installa pas loin à Petit Mecheria dans un ksar qu'elle acheta aux Ouled Aissa contre 60 boeufs).

3) El Haddaouia : 4 fils, Abdelmalek, Houari (rien à voir avec celui d'Oran), Brahim (dont le mausolée se trouve au centre-ville de Annaba), Aboubakr.

4) Ama Zineb: 1 fils, Said (enterré prés de Mostaganem).

Note : un 16ème fils (l'aîné) est issu de son mariage au Maroc avec la fille de son Cheikh. Il semblerait qu'il devint le Cadi de Fes et que sa notoriété grandissante à fait des jaloux de haut rang qui l'obligèrent de retouner en Algérie sans son fils.

Fraternellement.

asmatim a dit…

Salam Tajjedine. Je descend egalement de Sidi ALi Ben Yahia Cherif du cote de mon pere.
Pourriez vous entrer en contact avec moi. sofiane.belmiloud@gmail.com

Anonyme a dit…

Tadjeddine, je vous remercie énormément pour ses précieuses informations.-