dimanche 18 avril 2010

MON ADORABLE GRAND-MERE (M'ma)


"A ma grand-mère (M'ma) chérie". Depuis que tu n’est plus de ce monde, ma vie a basculé. Tu es parti, il y a déjà cinq ans et quelques mois, sur la pointe des pieds. Comme pour ne déranger personne. Il y avait foule à ton enterrement. Mais moi j’étais seul, tout seul, désespérément seul. Mes pensées perdues quelque part entre l’absurdité de la vie et l’inéluctable destin des êtres. Jusque-là, la mort ne faisait pas partie de ma vie. Je savais qu’elle existait la perfide et faucheuse impénitente de bien des destinées. De bien des trajectoires. Mais de là, à songer, ne serait-ce qu’un jour, une heure ou une minute, à ce qu’elle me vole la mienne, jamais. Et pourtant, aujourd’hui, je dois me rendre à cette cruelle et terrible évidence : même une grand-mère est mortelle. Je suis resté là, je ne sais plus combien de temps, à regarder les autres remuer la terre des ancêtres. Celle qu’elle n’a jamais quittée de son vivant. Tant le rapport charnel à son lopin lui était chevillée au corps, au cœur et à l’âme. Je suis là, hébété, stupéfait et tétanisé. Je ne voyais ni la foule compacte, ni mes amis d’enfance, ni mes collègues de travail, ni mes proches. Un brouillard épais enveloppait et obstruait ma vue. Et mon cerveau en feu. Je sentais le sol se dérober sous mes pieds. Seuls quelques imperceptibles échos me parvenaient. En bribes qui plus est. Non et conformément à la tradition, un homme ne doit pas pleurer, paraît-il. La gorge nouée et serrée par l’indicible douleur, je me suis retenu. Avant d’éclater en sanglots. Trop longtemps contenus. Trop longtemps comprimés. Trop longtemps étouffés. La dépouille de ma grand-mère, enveloppée dans son linceul immaculé, s’enfonce sous terre. Sous le regard grave des fossoyeurs attitrés. Une dernière « salve » de pleurs et de youyous retentit de la maisonnée. Envahie par les femmes. Dont les membres de la famille qui se tordaient de douleur, inconsolables. Pendant que les fossoyeurs s’affairent, dans un geste ultime et solennel, à jeter les dernières pelletées de terre sur le corps inanimé de ma grand-mère. Je n’ai même pas senti la main de l’imam posée sur mes frêles épaules. Ni les mots qu’il m’a chuchotés à l’oreille. Tous mes sens étaient anesthésiés. Hagard et hébété, je suis alors isolé. Et pleuré à chaudes larmes. Incommensurable chagrin d’un petit fils sans grand-mère. Ciel ! Qui l’eut cru ? Qui l’eut dit ? Depuis, la vie a pris une autre couleur indéfinissable. Sans relief, ni saveur. Incolore et inodore. Oui, ma chère grand-mère, rien, absolument rien, personne au monde ne me consolera de ta tragique disparition. Non, je n’ai pas de haine mais de la rancœur vis-à-vis notamment de ma seule et unique tante paternelle, si. Je leur pardonne mais je n’oublie pas. Ton portrait, mon inestimable et irremplaçable grand-mère, trône toujours sur le mur de la chambre de mes enfants. Histoire de perpétuer l’impérissable et inextinguible souvenir. Car pour moi tu n’est pas vraiment morte. Tu reposes, tout simplement, pour l’éternité, dans cette tombe, à l’ombre. Enraciné, vissé et chevillé à ce lopin de terre et ce potager que tu cultivais, sans coup férir et avec tout cet amour charnel que tu savais tant porter à la terre des ancêtres. Au revoir ma chère grand-mère (M'ma) et continue, surtout, à répandre toute ta salutaire bénédiction sur ton petit fils désemparé et sa petite couvée. Car depuis que tu n’est plus de ce monde, il y a déjà cinq ans et quelques mois, rien, plus rien n’est plus comme avant.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je suis trés touchée par cette pensée à ta "mwa" adorée ALLAH YARHAMHA ; car moi même j'en ai une je l'aime trop cest mon rayon de bonheur et je n'ose même pas penser au jour de son depart !!que ALLAH nous donne la force d'avancer meme quand c'est dur ..